Sunday, September 03, 2006

La gratuité

Il n'y a rien de gratuit dans la vie. Quand quelque chose coûte moins cher que ce que l'on serait prêt à payer pour l'obtenir, c'est que quelqu'un d'autre assume une partie de la facture ou accepte de réduire ses revenus.

Ainsi, il est faux de dire que l'on a un système de santé gratuit au Québec. Ce qui est plutôt vrai c'est qu'environ un tiers des impôts provinciaux sur le revenu que nous payons s'en va dans le budget de la santé. Donc, pour que personne ne paie lorsque l'on va à l'hôpital, on paie tous l'équivalent d'un mois de travail. Le calcul est simple. On paie 50% d'impôts, 25-25 fédéral-provincial et donc dans le quart qui va à Québec, le tiers va à la santé. Dites-vous donc qu'à la fin du mois de janvier, après avoir donné votre paye complète au gouvernement, vous pourrez aller à l'hôpital gratuitement toute l'année. C'est come les sites pornos sur internet. C'est gratuit. Il suffit de s'abonner à 50$ par an et ce sera gratuit! Pour revenir à la santé, j'espère que vous allez y aller plus qu'un mois dans votre année à l'hôpital sinon, est-ce que ce ne serait pas un mauvais deal? Comprenez bien que je e souhaite pas à personne d'être malade mais si vous payez quelque chose pendant un mois mais que vous ne vous en servez peu ou pas, n'est-ce pas un peu chiant? Mais ceci fera l'objet d'un autre débat et de plusieurs autres textes à venir.

L'exact même raisonnement peut être appliqué à l'éducation. Là, c'est bien pire car aussitôt qu'on sort des bancs d'école, c'est là qu'on paie le plus et on a une utilisation nulle de ce pourquoi on paye. Méchant deal! Si on résume, après que vous ayez fini de travailler votre mois de janvier, tout le monde va pouvoir aller se faire soigner et quand février achèvera, tout le monde pourra aller à l'école gratuitement grâce à vous. Vous ne verrez donc probablement pas le moindre retour de vos deux premiers mois travaillés dans l'année. Et ce, chaque année. Chaque année, vous travaillez pendant deux mois pour des services que vous n'utiliserez peu ou pas. Pensez-y!

Maintenant, il y a un phénomène au Québec qui dit que non seulement il faut que tout le monde paye pour le peu de gens qui utilisent les services mais en plus, il faut que ceux qui utilisent ces services paient le moins. Le gouvernement jongle depuis des années à implanter un ticket modérateur à l'hôpital. Une sorte de frais pour ceux qui utilisent le système. Quand tu vas au cinéma, tu payes. Quand tu vas à l'épicerie, tu payes. Mais quand tu vas à l'hôpital, même si c'est parce que tu as 82 ans et que tu as fait vent qui n'en était pas un et que ta culotte est souillée, tu ne paieras pas et tu passeras devant quelqu'un qui a besoin de soins. Quand tu auras fini de raconter ta solitude au médecin, tu pourras retourner chez toi et inventer une nouvelle raison de profiter d'un système gratuit le lendemain. Ce serait quoi de charger 5$ ou 10$ par visite à l'hôpital?

Pour les frais de scolarité, ils sont gelés depuis 1993. Je dois convenir que je suis heureux que mon université ait coûté si peu à mes parents. Par contre, si ça avait coûté deux fois ou trois fois plus cher, on aurait trouvé une solution et je serais allé à l'université quand même et le gouvernement aurait eu des milliards de plus dans ses coffres. Ou mieux, si ça avait coûté plus cher, le gouvernement aurait eu tellement d'argent de plus dans ses poches qu'il aurait baissé les impôts et avec ses baisses d'impôts, on aurait pu payer mon université.

Poussons donc le raisonnement plus loin. Si mes deux premiers mois travaillés étaient dans mes poches mais que je devrais payer la totalité des frais de scolarité de mes enfants et payer pour mes soins de santé, ne serait-ce pas en bout de ligne un bon deal pour la majorité des gens?

Prenons l'exemple du Québécois moyen qui gagne 36 000$ par an. Il paye 6000$ en santé et en éducation chaque année. Est-ce qu'il utilise pour 6000$ de ces deux services? Oui dans certains cas mais non dans la majorité. Ne serait-ce pas mieux si chacun payait pour ce qu'il utilise, comme lorsqu'on s'achète un véhicule, un livre ou une pomme? Pourquoi n'y a-t-il pas un ministère de l'automobile qui procure des automobiles aux gens? Parce qu'on laisse les gens choisir...ok...

Pourrais-je alors choisir de garder 6000$ dans mes poches, de payer les frais de scolarité de mes enfants avec une partie de ces 6000$ et une assurance-maladie avec une partie de l'autre? Qui sait, peut-être est-ce qu'il m'en resterait une bonne partie dans mes poches au bout du compte. Non. Le système est ainsi fait pour deux raisons. Premièrement, on assume que le citoyen moyen va dépenser les 6000$ et qu'il n'en aura plus assez pour payer lorsque vientra le temps d'aller à l'école ou à l'hôpital, ce qui n'est pas loin de la vérité. Par contre, je ne crois pas que tous doivent payer pour la mauvaise gestion du Québécois moyen. Deuxièmement et principalement, c'est qu'en détenant les cordons de la bourse du savoir et de la santé, on asservit le peuple. En contrôlant ces deux champs de compétence, on peut faire faire ce que l'on veut à la population car sinon, on peut les menacer de rehausser les frais de l'un ou de l'autre.

Et on embarque tous dans ce bateau tels des poissons qui voient arriver un beau ver de terre out of nowhere en plein milieu d'un lac. On ne se pose pas la question à savoir comment un ver de terre peut tout à coup arriver au milieu du lac. On ne voit pas non plus le fil au-dessus du ver de terre. Mais on le mange en cr... le ver de terre par exemple. Et on est dès lors pris au piège...

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