Tuesday, October 17, 2006

Pour un Québec insouciant et inconscient

Lucien Bouchard est revenu à la charge cette semaine en affirmant que très peu de mesures de son manifeste Pour un Québec lucide, paru il y a un an, avaient été appliquées. Sa motivation profonde est l'immense danger de faire reposer sur les épaules de la génération qui arrive sur le marché du travail le fardeau de tous les services publics, avec une dette dont les 3/4 a été contractée par les baby-boomers. Si cette dette avait été contractée pour des investissements, il nous resterait quelque chose au bout mais ce n'est pas le cas. Cette dette a été engagée pour payer les services dont a joui la population qui quittera bientôt le marché du travail. Nous aurons donc à rembourser une dette qui ne nous a rien apporté ne nous apportera rien à nous. M. Bouchard, avec les quelques co-signataires du Manifeste, demande courageusement à la génération précédente de prendre un virage responsable dès maintenant, avant qu'ils ne quittent le marché du travail et qu'il ne soit trop tard.

Faisons un calcul bien simple. Disons que la dette est de 100 G. Nous sommes présentement 4 M de travailleurs pour la payer, ce qui nous fait 25 000$ chacun à rembourser. Dans dix ans, si on n'augmente pas les impôts - et on ne peut les augmenter davantage - la dette sera, disons de 120 G et on ne sera peut-être plus que 3 M pour la rembourser. Ce qui fait 40 000$ chacun à rembourser. Et plus ça va aller, pire ce sera car les services coûteront plus cher avec la population vieillissante et on n'aura alors plus que deux choix: hausser les impôts et égorger les travailleurs ou diminuer les services au moment où la population en aura le plus besoin.

Dans le premier cas, la génération qui arrive sur le marché est plus scolarisée et souvent bilingue. Si on l'égorge, elle quittera pour un monde meilleur, laissant encore moins de gens pour payer. Si on diminue l'offre de services, les retraités devront se demander s'ils se font soigner ou s'ils mangent, se logent ou s'habillent. Car leur retraite est calculée sur la base que tout restera gratuit. S'ils doivent se mettre à payer pour les services aujourd'hui gratuits, il leur manquera des fonds pour faire ce qu'ils voulaient faire à leur retraite. Bref, les jeunes, les adultes et les personnes âgées de ce temps là - et on ne parle pas de 50 ans d'ici - iront droit dans le mur.

M. Bouchard dit d'ailleurs que les Québécois sont dans un bel avion confortable à l'heure actuelle mais que celui-ci se dirige vers une montagne plus haute que l'altitude maximale à laquelle peut aller l'avion. On va être confortable encore un temps mais le réveil sera un jour inévitablement brutal. Et je poursuis l'analogie en disant que nous avons deux choix avec notre avion: rebrousser chemin donc prendre des décisions dès maintenant sur les dépenses de l'état afin que l'on ait le temps de bien retourner l'appareil ou bien modifier en vol la qualité de celui-ci afin de lui permettre de gagner de l'altitude et passer par-dessus la montagne, ceci en créant de la richesse. Donc, augmenter les revenus de l'état afin de diminuer la dette et continuer d'offrir les services actuels.

Malheureusement, si le deuxième choix serait le plus souhaitable, il implique que le Québécois moyen devra être moins demandeur et davantage faiseur. Et le Québécois moyen n'obéit habituellement qu'à une loi, celle du moindre effort. Le maximum de résultats avec le minimum d'efforts. L'assisté social attend impatiemment son chèque chaque premier du mois sans fournir le moindre travail, procurer la moindre valeur pour la population qui lui verse son "salaire". Le syndiqué exige, exige et exige encore et lorsque l'employeur-investisseur refuse de tout donner à ses employés, ces derniers sortent dans la rue et prennent la population en otage afin qu'on fasse assez de pression sur l'employeur pour que ce lui-ci plie et donne au syndiqué tout ce qu'il désire. Par la suite, le syndiqué en fera juste assez pour ne pas avoir de problèmes. Et lorsqu'il est assez haut placé dans la liste d'ancienneté, il fait ce qu'il veut, quand il le veut car la loi empêche l'employeur de le congédier s'il n'effectue pas un travail convenable et productif. Prenons enfin le cas typique des cols bleus. Si les cols bleus étaient plus productifs, deux choses pourraient se produire: on congédierait tous ceux qui seraient inutiles, on retournerait les impôts fonciers versés en trop par les citoyens et ceux-ci pourraient dépenser cet argent dûrement gagné en faisant rouler l'économie. Ou bien, on garderait tous les employés et on offrirait d'excellents services aux citoyens, ce qui faciliterait leur vie et leur ferait écnomiser de l'argent, par exemple, en réparations d'automobiles puisque les rues seraient dans un état impeccable. Et d'autres exemples pourraient être amenés ici.

Le fait est que la création de richesse ne peut se faire que si le peuple a la volonté nécessaire de la créer. Comme ce n'est pas et ne sera probablement jamais le cas, il faut donc y aller avec l'option de couper dans les dépenses. Et les mêmes qui sortiraient dans la rue si on leur demandait d'être plus productifs sortiraient pour crier au scandale car on couperait dans leur système de santé ou dans leur système d'éducation. Si tout le monde reconnaît le problème, peu veulent le régler. On peut le régler en augmentant les revenus (productivité-->création de richesse) ou en dimnuant les dépenses (baisse de l'offre de services). Dans les deux cas, les groupes sociaux manifesteront au nom de la justice sociale...

Bien entendu les propos de M. Bouchard ont tout de suite été déformés et par la suite dénoncés par ces empêcheurs de tourner en rond que sont les syndicats et Québec Solidaire. Roger Valois, jusque alors inconnu, vice-président de la CSN, a déclaré que Lucien Bouchard disait n'importe quoi. Roger Valois déclare que Lucien Bouchard dit n'importe quoi. Qui es-tu, Roger?

Et lorsque interrogé à savoir si les baby-boomers laisseront une dette astronomique en héritage à leurs enfants, il répond qu'au contraire, on léguera le meilleur système de santé du monde et un système d'éducation envié. Parle-t-il du système de santé qui laisse mourir des gens sur les listes d'attente? De ce système de santé si peu attrayant pour les médecins qu'ils sont neuf fois plus nombreux à quitter le Canada vers les Etats-Unis que l'inverse? Ou de ce système de santé qui utilise des appareils si désuets que des erreurs de diagnostic se produisent fréquemment entraînant des conséquences graves pour les malades? Ou enfin de ce système de santé où on ressort de l'hôpital souvent dans un pire état qu'à notre arrivée? Parle-t-il de ce système d'éducation dont on gèle les frais de scolarité depuis quinze ans alors que les dépenses croissent de manière exponentielle? De ces professeurs du collégial qui enseignent aux jeunes les bienfaits de la souveraineté et de la désobéissance civile? Roger, tais-toi.

Lucien Bouchard disait que les Québécois travaillaient moins que les Ontariens ou les Américains. Bien entendu, les Claudette et François de ce monde ont dit que c'était la faute des employeurs qui n'engageaient que de la main d'oeuvre à temps partiel, comme si un employé improductif allait le devenir en travaillant à temps plein. Elles ont également déclaré que pour augmenter la productivité, il fallait améliorer les technologies et la machinerie. Pour ce faire, ça prend de l'argent. Si on abaisse le taux d'imposition des compagnies, elles réinvestiront l'argent ainsi sauvé dans l'amélioration de leurs procédés ou dans l'embauche d'employés. Allez parler de baisser les impôts des compagnies aux syndicats et ils vous crucifieront. Encore une fois, ils sont d'accord avec le problème mais refusent de prendre les seules actions pouvant le régler.

Alberta, here we come! United States, please buy us!

0 Comments:

Post a Comment

Subscribe to Post Comments [Atom]

<< Home